Deux chroniques antérieures ont examiné les rapports, proches ou lointains, que la Musique entretient depuis des siècles avec la Peinture et la Danse. On pourrait en envisager d'autres, par exemple avec la poésie ou le théâtre, des sujets qui devraient être abordés ultérieurement dans des chroniques consacrées au lied et à l'opéra. Dans l'attente et aussi étrange que cela puisse paraître, c'est avec les Arts de la Table qu'une comparaison peut être tentée avec lesquels la Musique partage effectivement quelques points communs inattendus. Certes ils ne font pas (encore) partie des Beaux-Arts, en tous cas aucune muse antique ne veille sur eux, et cependant beaucoup rapproche ces deux univers surtout si l'on englobe l'indispensable versant diététique. Bien que cette chronique parle avant tout de musique, elle relève l'analogie culinaire chaque fois qu'elle s'invite.
Comme les musiques, les cuisines peuvent être savantes ou populaires, traditionnelles ou exotiques, pensées ou improvisées. Les recettes tiennent lieu de partitions et les plats sont des interprétations plus ou moins réussies et jamais identiques d'une fois à l'autre, c'est la magie du direct. Elles sont sujettes à accords, variations, improvisations, fantaisies, transpositions, etc, tous termes que les musiciens connaissent bien. Les cuisiniers dosent les ingrédients, leurs alliages, leurs parfums et les épices quand les compositeurs manient les notes, les mélodies, les rythmes et ... les dissonances. La diététique responsable complète la gastronomie en se préoccupant de ce que nous ingurgitons, c'est le règne du bio cultivé à proximité.
Etrangement, ce que nous écoutons n'interroge guère autant, comme si cela était indifférent à notre bien-être. Certes, les médecins ORL alertent régulièrement contre l'abus des décibels qui rendent encore plus sourds ceux qui l'étaient déjà passablement; par contre, la justesse acoustique ne semble pas préoccuper grand monde. L'amplification électrique a pourtant contribué à trafiquer l'univers sonore jusqu'à persuader quantité de musiciens en herbes qu'on peut faire de la bonne musique sans même l'avoir sérieusement étudiée; le grand public suit, apparemment peu concerné par le problème.
Il ne viendrait à l'idée de personne de fréquenter - pire de recommander - un restaurant où les nappes, couverts et vaisselles seraient sales, où l'on servirait des plats surgelés, des conserves ou des préparations industrielles surchargées de sucres inutiles, de sel et de graisses. En transposant, c'est pourtant ce que nombre de nos (jeunes ?) contemporains font assidûment lorsqu'ils écoutent de la musique alimentaire : ils accordent aussi peu d'attention à la qualité de ce qu'ils entendent que de ce qu'ils dévorent et la propreté du son est une notion qui semble échapper à leur entendement.
Certes les goûts, les couleurs et les sons ne se discutent pas mais ce n'est pas pour autant qu'ils se valent. Cette chronique tente une réflexion délicate voire périlleuse, distinguant les musiques qui flattent les sens et celles qui les éduquent. Volontairement engagée, elle plaide pour une hygiène de l'audition, aussi nécessaire aux oreilles contemporaines que peut l'être, pour l'organisme, une alimentation saine et équilibrée. Car la malbouffe est partout et pas seulement dans les assiettes, c'est le sens de cette métaphore culinaire.
Sauf à remonter à l'époque des cavernes - et encore, qui sait ? -, la musique a existé à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Essentiellement vocale à ses débuts, pour des raisons techniques évidentes, elle a accompagné les rites funéraires ou festifs, renforçant la cohésion des groupes. C'était un art populaire, par définition, dont nous ne savons rien sauf qu'il cherchait à exprimer les émotions lorsque les mots venaient à manquer.
L'Antiquité classique n'a rien ajouté d'essentiel à cet état primitif, maintenant la musique dans une position nettement subalterne par rapport aux arts de la représentation, à coup sûr l'architecture et la sculpture, et sans doute également la peinture et le théâtre. En musique, le seul legs incontestable en provenance de la Grèce ancienne provient des travaux de l'école de Pythagore qui a initié l'ébauche d'une théorie musicale exploitable (mais non effectivement exploitée, cf, par exemple, Gammes et Tempéraments ou Modalité musicale et arithmétique modulaire).
Il a fallu attendre le Bas Moyen-Age pour qu'un élément nouveau intervienne en Europe occidentale, lié à la propagation de la foi chrétienne. Parmi les trois grandes religions monothéistes, toutes originaires du Proche Orient, seule le Christianisme a encouragé l'invention musicale sans lui imposer de limites strictes. C'est en effet dans les monastères et les églises primitives de la chrétienté qu'une musique est née, rudimentaire à ses débuts mais riche de promesses tenues.
Il conviendrait, à ce stade, de distinguer les cultes d'Occident et d'Orient. Je ne peux que renvoyer le lecteur à la section Occident & Orient d'une chronique antérieure consacrée à l'histoire de la Messe en musique et dont j'ai extrait le résumé adapté suivant :
- La tradition orientale (byzantine) a déployé des charmes immédiats, qui nous sont parvenus intacts. Il suffit d'assister à un office orthodoxe pour ressentir la ferveur qui émane de son chant luxuriant, surtout lorsqu'il est servi par des voix profondes. Toutefois, l’ornementation qui fait son attrait immédiat s'est retournée contre elle lorsqu’il s’est agi de prévoir les évolutions possibles vers des compositions plus élaborées. Cette musique est largement restée en l'état d'origine, se contentant de déployer des lignes mélodiques horizontales et ne voyant pas l'intérêt d'encourager les progrès d'une facture instrumentale.
- La tradition occidentale a évolué lentement, passant du vieux chant romain, encore mélismatique, au chant grégorien dont le dépouillement convenait à sa fonction ecclésiastique. Le chant grégorien semble austère, pourtant il est potentiellement très riche. C’est la simplicité et la robustesse de son matériau de base qui a permis l’élaboration de la verticalité en musique, le déploiement simultané de plusieurs voies autonomes, bref de la polyphonie puis beaucoup plus tard, de la symphonie. C'est à ce point qu'il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de l'émergence d'une tradition savante en Occident, vers l'an 1100.
C'est en effet vers cette date qu'une musique savante est née dans le Nord de la France, avec pour ambition d'élever la prière à la hauteur des cathédrales gothiques alors en pleine érection (Pérotin le Grand : Sederunt principes). Et c'est à partir de la Renaissance, 200 ans plus tard, qu'elle a pris un envol irrésistible. Elle est l'exception occidentale d'un art hiérarchisé à l'extrême : tout y est pensé et noté avec minutie afin que la postérité puisse s'en emparer sans la dénaturer. Il y a quelque chose de vaguement mystique dans cette propagation d'une musique révélée par une Trinité fondatrice, Bach - Beethoven - Mozart, et propagée par une cohorte de disciples affranchis depuis lors de toute symbolique religieuse.
La Musique savante occidentale est un art particulier, noyé dans un océan de musiques vernaculaires ancrées dans des traditions diverses. Il est commode de distinguer les variantes traditionnelles, folkloriques et ethniques, des appellations qui couvrent des réalités différentes :
Le Jazz est un univers en soi qui concerne une élite encore plus minoritaire que celle des amateurs du Classique. Né aux USA d'un acte de résistance noire, il a pris ses distances avec les instruments de l'orchestre symphonique traditionnel trop connoté blanc. Seul le piano a conservé ses droits mais traité différemment. Les musiciens de jazz sont de vrais professionnels, experts en improvisation libre et en déhanchement rythmique (Swing).
Le jazz (comme l'opéra d'ailleurs) est cependant un univers à part, que l'on n'apprécie que si l'on se sent à l'aise avec ses conventions, en particulier ces moments qui régalent les amateurs et agacent les autres où la musique part en vrille dans des "jam sessions" hors de contrôle. Ces moments de liberté s'apparentent à des "trips" où l'interprète se fait plaisir présumant que le public suivra.
Il fut un temps où l'on considérait que, quasiment par définition, les univers du classique et du jazz étaient étrangers l'un à l'autre. Les points de vue ont évolué à ce sujet depuis que l'on a montré qu'une hybridation est possible entre le jazz et la musique baroque et qu'elle fonctionne très bien. En particulier, les possibilités liées au retour à Bach sont connues depuis longtemps (Modern Jazz Quartet, Swingle Singers, le saxophoniqte Sadao Watanabe et les excellents pianistes, Jacques Loussier (inventif), Keith Jarrett ou Dimitri Naïditch (sérieux) et Brad Mehldau (intellectuel, superbe évasion à partir de 1:21)). Lors d'un concert des Nuits de Septembre (Liège, 2021), le pianiste et claveciniste Jean-Philippe Collard-Neven (accompagné par le contrebassiste Jean-Louis Rassenfosse) a revisité avec talent Monteverdi, Purcell, Lully et Scarlatti mais il s'est aussi "attaqué" à Brahms (En attente d'illustration). Enfin, d'autres musiciens ont élargi la perspective à des musiques plus tardives qui leur permettaient de s'affranchir plus aisément d'un cadre imposé : le Chick Corea Trio dans Scriabin, Marco Mezquida dans Ravel et Enrico Pieranunzi dans Satie. Certaines références m'ont été aimablement fournies par un lecteur attentif et passionné.
Les musiques évoquées ci-avant ne constituent qu'une faible proportion de ce que nos contemporains écoutent effectivement et que l'on regroupe commodément sous l'appellation générique de "Variété(s)" (Chanson française ou étrangère, musique pop, électro-ambiante, fonctionnelle (de films, de jeux vidéo, etc), blues, rock, rap, disco, électro, etc). Ce monde sonore mélange sans beaucoup de nuance perles et verroteries, une pratique imputable à la société de consommation.
Les musiques de variété présentent quelques traits de caractère communs :
Les (bonnes) Variétés constituent un délassement de qualité aussi longtemps qu'elles demeurent à l'écart d'un business lucratif dont les bénéficiaires ne sont pas toujours clairement identifiés. Un système opaque s'est effectivement mis en place, dont la préoccupation principale consiste à produire le plus d'airs à succès possibles en donnant l'illusion du renouvellement. Que ceux-ci soient éphémères n'a aucune importance puisque le but est précisément d'assurer une rentabilité immédiate et maximale.
Etonnamment, un certain public adhère, qui est prêt à débourser des centaines d'euros pour assister à la remontée sur scène (après 50 ans !) des Rolling Stones (A Bruxelles, pour juillet 2022, les tickets ont été proposés à la vente entre 184 à 1899 euros ! Espérons que les acheteurs ne défileront pas en rue pour protester contre la diminution de leur pouvoir d'achat !) et rappelons qu'un concert classique de qualité coûte dix fois moins cher, signe que mises à part certaines scènes d'opéra aux productions coûteuses, cet univers est bien moins dominé par l'argent.
De Monteverdi à Mozart, il n'a de fait jamais existé de rapport entre le confort de vie des artistes et l'importance de leur contribution à l'Art. Les Maîtres de Chapelle ou de Cour ont été appointés au même titre que les valets, les jardiniers ou les cuisiniers et leur train de vie n'a dépendu que des largesses de leurs protecteurs. Beethoven fut parmi les premiers à négocier ses oeuvres auprès d'éditeurs indépendants, y trouvant de quoi vivre décemment mais certainement pas de se payer un yacht de luxe ou un jet privé. Voici, avec les réserves qui s'imposent, une estimation des revenus actuarisés de quelques musiciens célèbres; ils sont sans commune mesure avec ceux des chanteurs à la mode actuels.
Que peu de génies du passé aient vécu confortablement de leurs oeuvres est certainement scandaleux mais cette précarité a souvent été le prix (qu'ils ont) payé pour trouver l'inspiration car l'artiste véritable crée par nécessité intérieure et non pour satisfaire un besoin de richesse extérieure.
Note. La plateforme de distribution numérique, Spotify, a estimé les droits d'auteurs auxquels quelques grands compositeurs auraient pu prétendre aux taux actuels d'écoute. Là où ils reposent en paix, Bach et Beethoven seront sans doute ravis d'apprendre qu'ils seraient plus riches qu'ils ne l'ont été ... et déçus qu'ils seraient largement devancés par The Beatles, Elvis Presley, Garth Brooks et un grand nombre d'artistes recensés par la Recording Industry Association of America. Aux États-Unis, certains compositeurs de musique de films peuvent gagner jusqu'à deux millions de dollars par oeuvre cinématographique.
La mélodie est à la musique ce que le dessin est à la peinture et le sucre au goût. En flattant l'oreille, elle crée une dépendance dont il n'est pas si facile de se défaire. Pour être belle, il est admis qu'elle a intérêt à être longue, sinueuse et sans redite évidente afin de maintenir l'intérêt sans s'égarer dans la banalité.
L'accompagnement doit lui servir d'écrin et être digne d'elle, une recommandation qui remonte aux canons de l'esthétique baroque, parfaitement suivie dans cette Passacaglia della Vita de Stefano Landi (1587-1639).
L'époque romantique a naturellement cultivé la mélodie accompagnée grâce, en particulier, à quelques compositeurs doués pour cet exercice : Charles Gounod (Sérénade), Camille Saint-Saëns (Mon Coeur s'ouvre à ta Voix), Hector Berlioz (Le Spectre de la Rose), Reynaldo Hahn (A Chloris), Giaccomo Puccini (O Mio Babbino Caro) et Erich Korngold (Die tote Stadt, Duo ) ne sont que des exemples parmi tant d'autres, le sommet du genre ayant été atteint par Richard Strauss dans ses luxuriants lieder orchestraux (Im Abendrot).
L'univers classique abonde également en mélodies purement instrumentales, par exemple sous la plume d'Edward Elgar (Début de la Symphonie n°1, Variation Enigma n°9 Nimrod, Début du Concerto pour violoncelle). Mais les plus précieuses n'ont pas forcément été trempées dans le miel : la Symphonie n°7 d'Allan Pettersson propose un exemple bien plus subtil quoique difficilement chantable sous la douche . C'est aussi pour cela qu'on ne s'en lasse pas.
La mélodie est évidemment très présente dans le domaine des Variétés, moins bien habillée certes mais souvent bien balancée : Russians par Sting, Hey Rise up reprise par Andriy Khlyvnyuk & Pink Floyd en soutien à l'Ukraine, A whiter Shade of Pale reprise par Annie Lennox, Un jour un enfant par Frida Boccara, Komm Zurück Zu Mir ou Typisch Mann par Milva (Celle-ci a été écrite par Nicolas Payrac pour Gérard Lenorman qui en a fait un refrain à l'eau de rose, Ailleurs; comparez avec la superbe reprise de Milva qui est en permanence dans la respiration juste). Vous compléterez la liste des exemples mélodiques à votre guise en observant la pauvreté récurrente des accompagnements instrumentaux souvent rudimentaires voire négligents, faits de cordes grattées (de guitare) ou frottées doucereusement (de violons à l'unisson : Strangers In The Night par Frank Sinatra ou Les vieux Mariés par Michel Sardou). Mais il y a plus gênant.
Les artistes de Variétés sont particulièrement satisfaits de leur gestion du rythme; c'est pourtant leur point faible, particulièrement lorsque se répand le martèlement d'un rythme binaire assommant (Voler de Nuit par Calogero). Réécoutez Milva dans Komm Zurück Zu Mir et expliquez-moi l'utilité de cette ponctuation envahissante qui dépare un morceau par ailleurs fort réussi. Faites-en l'expérience autour de vous, la plupart de nos contemporains ne remarquent pas l'omniprésence de ce rythme inutile, martelé par des boîtes électro qui offensent les lois les plus élémentaires de l'acoustique musicale : La Solitudine par Laura Pausini, Set Fire to the Rain par Adèle, The Wall par Pink Floyd ou Le Temps de l'Amour par Françoise Hardy et remixé au (mauvais) goût du jour. Pour en revenir à la métaphore culinaire, même quand on aime le ketchup, on n'est pas obligé d'en barbouiller son assiette à chaque repas !
Que l'on comprenne bien, la basse obstinée a été présente dès que la musique s'est partagée entre les registres vocaux et instrumentaux mais elle l'a fait avec délicatesse et raffinement, comme dans l'entrée progressive des instruments dans la Gallarda Napolitana d'Antonio Valente ou encore dans l'Air de Cour A la fin cette Bergère d'Antoine Boesset. Ce ne sont que des exemples à suivre et à adapter au goût du jour.
Que tout le monde ne vibre pas aux sons des mêmes musiques, rien de plus normal. Fatalement, certaines seront meilleures que d'autres mais est-ce si facile de distinguer une musique qui est bonne d'une autre qui le serait moins ? Bonne dans quel sens, au fait, fidèle au simple goût du jour ou prometteuse d'émotions durables ? Voilà qui renvoie à la métaphore culinaire.
Tous les cuisiniers vous le confirmeront, on rate rarement un plat lorsqu'on travaille de bons produits. A contrario, cuisiner savamment des produits médiocres n'aboutira à rien de probant. Il n'en va pas autrement en musique où le son est l'ingrédient essentiel.
Il a fallu 200 ans (1550-1750), de la (fin de la) Renaissance au Baroque, pour dégager les normes de qualité du son, tant du point de vue de la facture des instruments que de la manière de les accorder dans une pratique idéale :
Les instruments à cordes pincées s'imposent depuis l'Antiquité comme l'autre idéal de perfection sonore. De la lyre dont jouait Orphée, nous ne savons pas grand-chose car l'instrument a disparu depuis longtemps de la pratique courante. Les représentations parvenues jusqu'à nous montrent un instrument rudimentaire comportant de 5 à 8 cordes de longueurs quasiment égales, accrochées à une caisse de résonance trop étroite pour permettre un son ample et varié. Il n'a de (ce) fait servi qu'à l'accompagnement vocal. Vers la fin du Moyen-Age, la harpe (médiévale) en a repris quelques caractéristiques en les améliorant mais il a fallu attendre la Renaissance pour que les meilleurs luthiers diversifient la famille des instruments à cordes pincées.
Les instruments évoqués, qui comptent pourtant parmi les plus précieux de l'instrumentarium occidental, n'ont pas survécu aux ravages de la Révolution de 1789, notoirement allergique aux fastes de l'Ancien Régime. Ils ont été progressivement remplacés par des instruments plus puissants, hélas formatés au tempérament égal, définitivement acquis à partir de 1820. On peut y voir, au choix, une source de progrès technologique ou les premières manifestations d'un appauvrissement de la perception acoustique. Même la prometteuse Guitare baroque a progressivement perdu le charme des sonorités subtiles, ne conservant dans le meilleur des cas que l'attrait pour la virtuosité hispanisante et dans le plus mauvais celui pour l'amplification électrique.
Le principe des cordes pincées est également présent dans plusieurs traditions lointaines dont certaines proposent des instruments d'excellente facture :
- En Afrique, le Kora malien est typique de la tradition Griot, brillamment défendue par les cousins, Mamadou Diabaté et Toumani Diabaté, ainsi que par Ballaké Sissoko.
- Au Japon, c'est le Koto à 25 cordes qui tient la vedette dans cette pièce (très) élaborée à l'occidentale d'Akira Ifukube (Kugo Ka), tandis qu'en Chine, les guzheng et gukin demeurent fidèles au pentatonisme traditionnel.
- Le cas de l'Inde est particulier : il y existe une tradition savante basée sur une déclinaison du Râga (modes et rythmes) et confiée au sitar, un instrument complexe apparenté au luth. Bien qu'il soit muni d'une caisse de résonance naturelle en calebasse, la pratique de concert en maquille la sonorité en recourant à une amplification indirecte par pose de microphones, comme dans cette "performance" du Maître Ravi Shankar et de sa fille Anoushka.
Quel que soit le répertoire musical que l'on affectionne, il est inconcevable de demeurer indifférent à la qualité du son produit. C'est un devoir d'éducation de sensibiliser la jeune génération à l'écoute acoustique, seule capable de guider leurs pas vers les musiques savantes ou populaires de qualité. Car pour les autres, de simple divertissement, point n'est besoin de les initier et encore moins de les contraindre, ils trouveront facilement leur chemin sans que personne ne les guide.