Compositeurs contemporains

Theo Verbey (1959 -), compositeur néerlandais

Theo Verbey
Theo Verbey

Theo Verbey fait partie des compositeurs aujourd'hui quinquagénaires les plus remarquables, proposant un langage musical solide, forgé dans un alliage qui emprunte à la tradition sans ignorer les progrès d'un modernisme jamais tapageur. S'il me fallait recommander un musicien actif, méconnu mais capable de séduire un public large et exigeant, c'est par lui que je commencerais.

Verbey a étudié au Conservatoire de La Haye, sous la direction de Diderik Wagenaar, Peter Schat et Jan van Vlijmen, de vieilles connaissances pour les habitués de ce site. Dès avant la fin de ses études (1986), il a attiré l'attention de ses maîtres par une orchestration très remarquée de la Sonate, opus 1, d'Alban Berg (plage 1). Ce fut le début d'une carrière fructueuse aux Pays-Bas, un pays certes petit mais qui connaît la musique.

Fort occupé par des fonctions d'enseignant aux conservatoires de La Haye et d'Amsterdam, Verbey ne compose pas autant qu'on pourrait le rêver mais chacune de ses productions vaut un sérieux détour. Il a, en particulier, honoré des commandes émanant de formations internationales prestigieuses : le Concertgebouw Orchestra, l'Amsterdam Sinfonietta, le London Sinfonietta, le Residentie Orchestra, les orchestres de la radio néerlandaise, l'ensemble Klangforum Wien, le Deutsche Oper Berlin, ... .

Ce qui frappe d'emblée l'oreille même non exercée à l'écoute des oeuvres de Verbey, c'est la qualité sonore d'un travail bien fait. Le compositeur est cependant bien plus qu'un artisan talentueux, c'est un artiste cultivé qui a parfaitement intégré la grande tradition au sein d'une oeuvre dense et parfaitement moderne. Bien qu'ayant fréquenté les cours d'été de l'école de Darmstadt, articulés autour d'un projet élaboré par Stockhausen, il eut l'intelligence de n'en conserver que l'excellence technique sans se laisser dévoyer par son esthétique fumeuse.

Assez de dithyrambe, place à la musique, enfin disponible à l'écoute ! Même dans ses premières partitions, ardues et richement instrumentées, Contrary Motion (1986), Contractie (1987), Inversie pour 10 instruments (1987), Expulsie (1990) et Produkt (1992), Verbey privilégie l'audibilité. L'articulation et le rythme sont soignés et constamment variés, un héritage manifeste de la meilleure tradition américaine.

Verbey a ensuite évolué vers un style nettement tonal dont les proportions sont parfois volontairement empruntées à quelques oeuvres significatives du passé : Triade (1991-1994) se fait l'écho, dans ses proportions architecturales, de la Symphonie de Prague de Mozart. Cela est audible dès les premières mesures de l'oeuvre. Verbey a remis le couvert dans Conciso (1996) et cette fois, la structure s'inspire de celle de la Sonate opus 101 de Beethoven. Par contre, le climat harmonique emprunte à la Sonate n°8 d'Alexandre Scriabine.

Quelques très belles partitions pour orchestre démontrent le savoir-faire du compositeur : Orchestral Variations (2009), Tractus (2008), Inquietus (2008), Lied pour Trombone & orchestre (2007), Concerto pour piano (Début, fin), Concerto pour clarinette (2005), Fractal Symphony, Schaduw, Alliage et Pavane oubliée.

On peut en dire autant des oeuvres instrumentales, Notturno, Produkt, Triade, Aura, Perplex, Trio à clavier, Sextuor pour flûte harpe et quatuor, Chaconne pour trio à cordes et De Peryton pour 7 instruments à vent.

Quelques oeuvres vocales sur des poèmes de Bloem, Rilke et Whitman complètent le tableau.

Verbey : Concertos
Verbey : Concertos
Verbey : Oeuvres instrumentales
Verbey : Oeuvres instrumentales

Les enregistrements exclusivement consacrés à la musique de Verbey ne sont hélas pas nombreux. Deux sont facilement trouvables, chez Etcetera et Donemus, mais les autres, généralement panachés, sont plus confidentiels. Vous trouverez une liste à jour sur le site du compositeur avec une minute d'écoute possible pour chaque plage, précipitez-vous.

Les talents d'orchestrateur de Verbey, déjà illustrés dans la Sonate de Berg, ont trouvé à s'exprimer dans quelques autres commandes concernant la Sonate n°1 de Leos Janacek ou a Suite lyrique de Berg, des oeuvres au répertoire du Concertgebouw et du London Sinfonietta respectivement. Verbey a instrumenté le cycle de mélodies "The Nursery" de Modeste Moussorgski et il a reçu l'autorisation des héritiers de Stravinsky pour compléter l'orchestration de la partition des Noces dans sa version datant de 1919 (pour voix, pianola, 2 cymbalums, harmonium & percussions). Fine connaisseuse, la reine Beatrix a retenu l'oeuvre lors d'un des concerts programmés en son honneur au Paleis Noordeinde de La Haye.