Chaque année, à la même époque, une rumeur refait surface : JSB aurait-il eu un fils illégitime ? Après tout, il ne serait pas le premier !
On sait qu'il a effectivement reconnu 20 enfants, de deux épouses successives mais en ce temps-là, tous n'atteignaient pas (heureusement !) l'âge adulte.
On distingue habituellement ceux qui y sont parvenus d'après leurs initiales. Ils furent musiciens mais à des degrés divers.
Les plus importants se nomment : WF pour Wilhelm Friedemann (1710-1784), CPE pour Carl Philip Emanuel (1714-1788), JCF pour Johann Christoph Friedrich (1732-1795) et JC pour Johann Christian (1735-1782).
PDQ Bach serait le 21ème enfant de JS, né à Leipzig le 1er avril 1742 et mort à Baden-Baden-Baden (sic) le 5 mai 1807. Bizarrement, ces dates sont gravées à l'envers sur sa tombe (1807-1742), ce qui a enflammé l'imagination de plus d'un commentateur. Certains ont fait remarquer que si PDQ a réellement vécu sa vie à l'envers - un prodige qu'on attribue à Merlin l'enchanteur pour expliquer ses divinations - il est impossible que JS, décédé en 1750, puisse être son géniteur. Dans ce cas, PDQ aurait usurpé sa filiation. Une analyse génétique devrait pouvoir nous éclairer mais il est peu probable que les autorisations d'exhumations soient délivrées. On imagine, en effet, l'imbroglio juridique que présenterait un procès en révision de succession entre les innombrables ayants droits.
Quoi qu'il en soit, PDQ a vécu à une période charnière de l'histoire de la musique. On raconte qu'il aurait conseillé à Léopold Mozart d'enseigner le billard à son fils et qu'il aurait été, au moins en partie, responsable de la surdité de Beethoven. Celui-ci aurait, en effet, pris la funeste habitude de se mettre des grains de café dans les oreilles chaque fois qu'il le rencontrait.
Si vous êtes intéressés par d'autres détails, tous aussi intéressants, sachez que la biographie officielle de ce musicien complètement à part est enfin disponible, due à la plume de Peter Schickele (1935-2024), un musicien incontestable celui-là.
PDQ Bach a passé le plus clair de son temps à piller l'oeuvre de ses collègues passés, présents et à venir, tout en prenant soin de maquiller ses emprunts. Le stratagème aurait pu réussir s'il n'avait attiré l'attention par les titres parfaitement ridicules donnés à ses oeuvres, jugez plutôt :
Il a même écrit un grand opéra, The Abduction of Figaro, qui a été repris en DVD et que je vous recommande pour vos maussades soirées d'hiver.
PDQ possédait un réel talent qu'il a malheureusement galvaudé : sans doute marqué à vie de n'avoir pas été reconnu par son géniteur, il en avait conclu, un peu hâtivement, qu'il perdait son temps en s'appliquant, n'ayant aucune chance de passer à la postérité. C'est pourtant chose faite.
P.S. (Plus Sérieusement) : On sait moins que Ludwig van Beethoven (1770-1827) a peut-être eu aussi une descendance cachée : une fille, en l'occurrence, bizarrement prénommée, Minona (Anonim lu à l'envers ?). Le compositeur a eu pour élèves deux des filles du Comte Anton Brunswick, Thérèse et Joséphine. Joséphine fit un mariage arrangé avec le Comte Joseph Deym, de 30 ans son aîné. Celui-ci décéda cinq ans plus tard et Beethoven se mit à rêver de mariage d'autant que Joséphine semblait consentante. Ce ne fut pas du goût de la famille Brunswick qui fit tant et si bien qu'elle se remaria en 1808 au Baron Christoph Staeckelberg. Celui-ci ayant résidé en Estonie, son pays d'origine, de janvier à octobre 1812, on en a déduit que la fille mise au monde par Joséphine, le 9 avril 1813, ne pourrait être de lui. Toutes sortes de théories ont été échafaudées sur cette base, selon lesquelles Minona serait la fille naturelle de Beethoven et sa mère, Joséphine, l'Immortelle bien-aimée, rendue célèbre par une correspondance signée de la main du compositeur neuf mois plus tôt mais apparemment jamais envoyée. Certains esprits curieux ont tenté de refaire l'emploi du temps des tourtereaux présumés mais je me garderai bien d'y faire écho : ce site est sérieux et si les potins vous intéressent, tentez plutôt votre chance sur gala.fr.
Thérèse qui connaissait le secret de sa soeur ne l'a jamais trahi et la famille Brunswick a toujours démenti toutes les rumeurs. Au bilan, personne n'a jamais rien pu prouver qui aille définitivement dans un sens ou dans l'autre. Les seules pièces à conviction sont deux photographies que nous possédons de Minona (1813-1897). Je les ai mises en parallèle avec deux portraits bien connus du musicien, vous apprécierez.
Vous trouverez sur ce site deux courtes pièces pour clavier de la plume de Minona. Elles sont manifestement passées à la postérité pour des raisons extra musicales, comme quoi une rumeur - si c'en est une - a parfois du bon !