Tour du monde

Hongrie

L'appellation Autriche-Hongrie n'est apparue qu'en 1867, désignant un état déjà constitué, au début du 18ème siècle, sous la dynastie des Habsbourg Lorraine. Il regroupait, en fait, deux entités : d’une part le royaume de Hongrie, formé vers l'an 1000 et restauré 7 siècles plus tard, lors de la reconquête sur les Ottomans et d’autre part, un ensemble Autriche-Bohême datant du 16ème siècle. 

A l'Est, quantité de régions l'ont morcelé, Valachie, Serbie, Bosnie, Voïvodine, Severin, Transylvanie, Moldavie, Croatie, constituant autant de pièces d'un puzzle compliqué (je suis loin de les avoir toutes citées, par exemple la Syldavie et la Bordurie, chères aux lecteurs d'Hergé).

Dans ce vaste ensemble, les Hongrois avaient toutes les raisons d'aspirer à leur indépendance, eux qui parlaient une langue complètement différente, pas même indo-européenne puisqu'elle est proche du Finlandais et de l'Estonien.  L'aspiration révolutionnaire prit corps en 1848 et le fier Kossuth - retenez ce nom - fut l'âme d'un mouvement bientôt réprimé dans le sang par les Russes (l'histoire se répétera !), appelés à la rescousse par les Habsbourg.  Il faudra attendre 70 ans et l'effondrement de l'empire austro-hongrois pour que l'état hongrois reçoive enfin son acte de naissance.

La Hongrie est une nation profondément musicale et on ne peut exclure l'influence bénéfique de sa langue parlée, si particulière.  Dans ses célèbres conférences (Young People's Concerts, maintenant rééditées en DVD), Leonard Bernstein soulignait que le caractère idiomatique de la musique d'un peuple reflète les particularités de son langage parlé (accentuation tonique, prononciation, escamotage des voyelles, sonorités gutturales, etc).  Avec un peu d'habitude, on identifie d'ailleurs très facilement une musique de facture française, austro allemande, russe, tchèque ou hongroise, même si on en ignore qui l'a écrite.

La musique folklorique hongroise est d'une richesse exceptionnelle, largement fondée sur la culture tzigane.  Certes tous les amateurs de musiques du monde savent que d'autres pays - Ecosse, Irlande, Grande (ou petite) Bretagne, Corse, … - revendiquent également une musique traditionnelle de qualité mais dans le cas de la Hongrie, elle se double d'une pratique instrumentale véritablement virtuose.  L'ensemble Caprice a publié un album basé sur le recueil Uhrovska (1730) et intitulé Gipsy Baroque : il illustre à la perfection le mode merveilleux de la musique populaire, en particulier hongroise, ne le manquez pas !

Le grand violoniste Yehudi Menuhin s'est émerveillé plus d'une fois de la valeur des instrumentistes - violonistes mais pas seulement - qu'il rencontrait dans des coins de Hongrie reculés et il s'est régulièrement joint à eux pour les accompagner.  Les instruments de ces musiciens largement autodidactes, sont souvent étonnamment bons mais cela ne devrait guère surprendre si l'on se rappelle qu'on a fabriqué très tôt, en Europe centrale, des violons d'excellente qualité.  Plus près de nous, quantité d'orchestres tziganes charment tous les publics par l'entrain ou la nostalgie de leur musique ainsi que la réelle performance technique de leurs interprétations.  L'histoire récente de Robby Lakatos - un authentique virtuose qui n'a longtemps fréquenté que les Ateliers de la Grande Ile à Bruxelles - est exemplaire à cet égard (ne pas le confondre avec Sandor Lakatos).

Le joug turc (1526-1699) a coupé la musique hongroise de l'influence occidentale et n'a guère été favorable à l'éclosion d'une musique savante.   Une musique instrumentale populaire de qualité existait cependant dont la Danse Otodik suivante témoigne avec éloquence (Un enregistrement de l'inlassable découvreur, René Clemencic).  Le Festival de Sopron tente, depuis 1985, de restaurer le répertoire de cette époque.

Au terme de sa "Reconquista", la Hongrie a encore du patienter avant de pouvoir proposer une musique d'un niveau comparable à celles d'Italie, de France ou d'Allemagne. Elle s'est, dans l'attente, montrée accueillante aux musiciens venant de l'étranger. 

L'hôte le plus célèbre des palais princiers hongrois fut, sans conteste, l'Autrichien, Joseph Haydn (1732-1809), qui passa le plus clair de son temps à Esterhaza.  Mozart (1756-1791) commença sa tournée internationale en Hongrie avant de se rendre à Munich, Bruxelles, Paris et Londres plus un séjour en Hollande; il avait 6 ans, enfin lors du départ !  Enfin, Beethoven entretint d'excellentes relations avec quelques aristocrates de ce pays : la Comtesse Marie Erdödy, une amie intime à qui il dédia les deux Trios opus 70 et les deux Sonates pour violoncelle et piano opus 102 et le Comte Mikulas Zmeskal (1759-1833), un mécène, qui reçut la dédicace du Quartetto Serioso opus 95.  Zmeskal était également compositeur et quelques Quatuors à cordes de sa plume sont actuellement disponibles, montrant un musicien raffiné.

Il a cependant fallu attendre encore 50 ans pour que la Hongrie prenne son indépendance musicale.  Elle la doit à un musicien d'exception, Franz Liszt (1811-1886).  Ce pianiste, d'une virtuosité diabolique, profita des perfectionnements récents d'un piano en pleine mutation pour écrire un répertoire inégalé à ce jour : Sonate, Etudes d'exécutions transcendantes, sans oublier les célèbres Rapsodies hongroises, … . Mais il fit bien plus que cela : visionnaire, singulièrement dans deux recueils essentiels, Les Années de Pèlerinage (exigez Lazar Berman : du grand art !) et Harmonies poétiques et religieuses, il infléchit progressivement et durablement le cours de l'histoire musicale, au point qu'il n'est pas excessif de voir en lui l'initiateur de la modernité.  Ceci appelle un commentaire.

Commentaire. Toute la tradition musicale du 19ème siècle est l'héritière directe de l'œuvre de Beethoven.  On a, tour à tour, voulu voir en Beethoven le dernier classique et/ou le premier romantique.  L'un comme l'autre point de vue ne sont guère tenables.   Haydn est le dernier classique tandis que Schubert et Weber sont les premiers romantiques.  Certes, Beethoven a un temps emprunté l'idiome classique et préfiguré l'attitude romantique mais en les déclinant d'une manière tellement personnelle qu'il serait parfaitement réducteur de vouloir - à tout prix - le ranger dans l'une ou l'autre catégorie.  Pendant les dix dernières années de sa vie, il a allègrement enjambé le romantisme, préfigurant clairement le 20ème siècle : il faudra, de fait, attendre les quatuors d'Arnold Schönberg (1874-1951) pour que le message des derniers quatuors du Maître de Bonn soit digéré au niveau compositionnel.  Or cette relation à distance n'est pas sans intérêt pour l'histoire.

A la mort de Beethoven, deux courants musicaux divergents sont nés, se réclamant, tous deux, de lui.  Les traditionalistes, emmenés par Félix Mendelssohn et Robert Schumann, suivis à distance (dans le temps !) par Johannes Brahms et Gustav Mahler, continuèrent de privilégier le concept d'une musique pure tandis que les membres d'un courant dissident, conduits par Hector Berlioz, Franz Liszt, Richard Wagner et César Franck, conçurent le projet d'une musique à programme où le découpage en mouvements fait place à une narration continue.  Toutefois, la dissidence serait anecdotique si elle ne reposait que sur cette simple distinction : c'est tout le langage harmonique que Liszt puis bientôt Wagner (du moins dans Tristan) bousculèrent, poussant l'art de la modulation jusqu'au point de rupture extrême où la tonalité s'efface complètement.  Ce sont bien les recherches de Liszt qui préfigurent la seconde Ecole de Vienne et, en particulier, les travaux d'Arnold Schönberg.

Liszt est souvent associé à l'écriture pianistique mais il a, en fait, également écrit pour l'orgue, la voix (beaucoup de mélodies rarement chantées) et l'orchestre (13 Poèmes symphoniques, deux Concertos pour Piano, Symphonies Faust et Dante), sans compter quelques grandes œuvres d'inspirations religieuses : La légende de Sainte Elisabeth, Via Crucis et Christus, son œuvre préférée, paraît-il.  

Liszt a, assez naturellement, fait de l'ombre à des contemporains moins doués que lui : Ferenc Erkel (1810-1893), le père de l'opera national qui composa également pour le piano, Stephen Heller(1813-1888) autre pianiste virtuose, Mihály Mosonyi (1815-1870), KárolyGoldmark (1830-1915) ou encore, une génération plus tard, Jenö Hubay (1858-1937).

On s'en voudrait de ne pas mentionner Franz Lehar (1870-1948) l'un des grands maîtres de l'opérette (La Veuve joyeuse, Le Comte de Luxembourg, Le pays du Sourire et tant d'autres œuvres qui ont ravi nos grands-parents).  Les biographes présentent habituellement Lehar comme compositeur autrichien d'origine hongroise alors qu'il est né à Komarno, dans la Slovaquie actuelle; je vous avais prévenu, rien n'est simple en Europe centrale.  L'inventivité mélodique et rythmique de Lehar était inépuisable et le succès fut souvent au rendez-vous avec le public : rien que sa "Lustige Witwe" a battu tous les records en nombre de représentations scéniques.  Les amateurs du genre connaissent également Emmerich Kálmán (1882-1953). 

Deux musiciens, Bela Bartok (1881-1945) et Zoltan Kodaly (1882-1967), ont marqué l'entrée de la Hongrie dans le 20ème siècle musical.  Jeunes nationalistes fervents, ils se mirent en devoir de collecter, sur le terrain, l'immense répertoire populaire d'Europe centrale.  Ils en firent cependant un usage très différent : si Kodaly est souvent resté attaché à ce patrimoine, au pied de la lettre, Bartok, s'est surtout préoccupé de le transcender, forgeant son propre folklore imaginaire à partir du matériau brut.  On prendra donc soin de distinguer, dans l'œuvre de Bartok, les partitions à vocation ethnologique qui demeurent volontairement au plus près de la réalité folklorique (avec cependant un sens, très subtil, de l'harmonisation et de l'instrumentation) et celles qui dépassent effectivement cet héritage (Suites de Danses (1923), Divertimento, …).

Cette traduction savante de mélodies populaires a inspiré beaucoup de musiciens étrangers qui se mirent à "faire du Bartok" sur fond de "leur" folklore national, plus ou moins digéré.   C'était souvent un moyen commode de se frayer un chemin vers la modernité, sans nécessairement tomber dans le piège de l'atonalité qu'Arnold Schönberg venait de tendre.  Aujourd'hui encore, Bartok demeure une des valeurs les plus sûres de la composition au 20ème siècle. 

Son oeuvre est immense et elle a fait l'objet d'un enregistrement intégral chez Hungaroton par des musiciens hongrois peu connus mais excellents.  Seul hic : 200 euros pour 29 CD, ce n'est pas donné et encore faut-il frapper à la bonne porte, sinon ce peut être le double !  C'est toutefois la seule possibilité d'entendre des œuvres rares et passionnantes (Scherzo d'une symphonie de jeunesse, Kossuth, Hungarian and Slovak Folksongs, Quintette à clavier, …) jouées par des interprètes du cru.  Kossuth (cfr intro) est la première œuvre d'envergure écrite par le compositeur, alors qu'il sortait à peine du conservatoire.  C'est l'hommage par lequel le magyar convaincu qu'était Bartok voulait commencer sa carrière de compositeur.  Kossuth est une réussite totale, même si l'ombre de Richard Strauss y plane encore, omniprésente.  En voici l'introduction : .

Vous n'aurez aucune peine à vous procurer les oeuvres plus célèbres, enregistrées, à de multiples reprises, par des interprètes de toutes provenance et plus ou moins inspirés.  A l'orchestre, Boulez reste une référence ((ré)édition DGG à prix doux, en 2010) mais, sauf la prise de son, la version Hungaroton supporte la comparaison, en apportant une touche plus idiomatique.   En ce qui concerne le célébrissime Concerto pour Orchestre, je suis personnellement resté fidèle à l'ancien enregistrement de Fritz Reiner à la tête du Chicago Symphony Orchestra qui me fit découvrir l'œuvre, il y a bien longtemps (Bon à savoir : cette réédition offre, en prime, la Musique pour Cordes Percussions et Célesta et les 5 Esquisses hongroises).

Il faut noter que les œuvres de prime maturité de Bela Bartok - Le Château de Barbe Bleue (1911), Le prince de Bois (1916), Le Mandarin merveilleux (1919), les Concertos pour piano 1 & 2 - ont davantage été encensées dans les cénacles que les œuvres de la fin de sa vie, volontiers critiquées pour leur esthétique "rétrograde" voire néo-classique.  Le public a plutôt fait la démarche inverse, acclamant en priorité le Concerto pour Orchestre, la Musique pour cordes percussions et célesta, le 3ème Concerto pour piano, le 2ème Concerto pour violon ou le sublime inachevé Concerto pour alto.   Ces querelles de clocher se sont largement atténuées avec le temps, au point qu'on retrouve, dans l'album DGG évoqué, Pierre Boulez dirigeant le 3ème Concerto pour piano, un projet inconcevable, il y a à peine 30 ans !   J'allais oublier - fait assez rare pour être souligné - Le Château de Barbe Bleue, une des œuvres les plus fortes de Bartok, a reçu sa version définitive sous la baguette de Bernard Haitink, ne la manquez pas !

Rayon musique de chambre, les 6 difficiles Quatuors passent pour les héritiers directs des derniers quatuors de Beethoven.  J'avoue n'avoir jamais très bien compris cette affirmation tant les univers de ces deux cycles me paraissent éloignés.  Il m'a toujours semblé que ce sont les déjà mentionnés quatuors d'Arnold Schönberg qui ont fait le lien évoqué.  Cela dit, vous passerez pour un ignare ou un demeuré si vous clamez haut et fort que vous n'aimez pas ces œuvres cultes du 20ème siècle, alors, faites un effort, que diable !  Elles ont été enregistrées un nombre incalculable de fois et ce n'est pas une mince affaire de découvrir l'interprétation qui a le plus de chance de vous plaire, entre les purement idiomatiques (Quatuors Hongrois, Vegh ou Takacs), les classiques (Quatuor Alban Berg, Hagen et Emerson) voire même les exotiques (Quatuor de Tokyo, une version datant des années 1970 rééditée chez DGG, ne sourcillez pas, elle est excellente).

L'œuvre pour le piano est abondante, également répartie entre des œuvres plus faciles - voire didactiques (Mikrokosmos) - ou nettement plus ambitieuses, avec un clavier traité de façon largement percussive (Sonate pour deux Pianos et Percussions).

Zoltan Kodaly a inévitablement souffert de l'ombre faite par son encombrant collègue et ami.  C'est pourtant un musicien attachant que l'on joue beaucoup trop peu, plus exactement que l'on réduit toujours aux mêmes œuvres : Psalmus Hungaricus, Missa Brevis, Harry Janos, Danses de Marozeck et de Galanta, Variations sur le Paon.    Il a aussi écrit une Symphonie, un Concerto pour Orchestre et quantité d'œuvres que vous pouvez découvrir sur le site, jpc. Voici à titre d'exemple, le début de son Rondo hongrois pétri de sonorités magyares.

Ernö von Dohnanyi (1877-1960) se situe un peu en marge de Bartok et Kodaly.  S'il fut un temps oublié, il le dut au fait de n'avoir proposé aucune formule d'adhésion au 20ème siècle, écrivant, à l'ombre de Johannes Brahms, une musique sereine et ignorante des bouleversements que le monde connaissait.  Tous ceux qui recherchent une musique simplement soucieuse d'être belle, se réjouiront de découvrir son œuvre que Bartok admirait beaucoup.  Voici un extrait du brillant finale du 2ème Concerto pour violon : .  C'est cependant en musique de chambre que Dohnanyi se révèle pleinement : écoutez le scherzo du superbe Quintette opus 1.

Tibor Serly (1901-1978), un élève de Bartok, est passé à la postérité pour avoir rassemblé les esquisses de l'ultime Concerto pour Alto de son professeur et les avoir éditées sous la forme achevée que l'on connaît aujourd'hui.  Tant qu'à devoir choisir un enregistrement de cette œuvre magistrale, optez pour la version Kashkashian, parue chez ECM : vous aurez droit en prime à Replica d'Eötvös et Movement de Kurtag, une bonne entrée en matière pour deux musiciens plus récents et, au bilan, un CD presque indispensable !  Ne confondez pas cette réalisation avec le Concerto pour Alto que Serly a composé seul.

Antal Dorati (1906-1988) est surtout connu comme le chef d'orchestre qui s'est lancé - avec fougue et talent - dans quelques projets pharaoniques, tels le premier enregistrement intégral des 104 symphonies de Haydn ou encore celui des 13 rarissimes opéras italiens du même.   Son œuvre personnelle de compositeur mériterait de revivre : écoutez ces beaux 7 Pezzi per Orchestra ou ses Symphonies 1 & 2, dirigées par ses soins. Voici encore un extrait plus large du Capriccio de Night Music.

Miklos Rozsa (1907-1995) aura connu un destin assez semblable à celui de Wolfgang Eric Korngold.  Comme lui, il s'est illustré dans la musique de film à des fins alimentaires : les classiques du genre, Quo Vadis (1951) et Ben Hur (1959), c'était lui.  Il ne fait aucun doute qu'il aurait apprécié que la postérité se souvienne aussi qu'il a écrit des œuvres plus ambitieuses, négligeant cependant - comme Korngold -  de leur prêter ce caractère de modernité qui leur aurait - sans doute - assuré un destin immédiatement meilleur.  Avec le temps qui passe, ce reproche s'estompe naturellement : qui passerait son temps à reprocher à Mozart sa fidélité à la tonalité ambiante ? Cela explique que les œuvres de Rozsa refont, enfin, surface.   Chandos propose un très beau CD regroupant quelques partitions fort agréables qui trahissent parfois l'influence de Bartok, tout comme ce CD Ondine couplant - fort opportunément - son Concerto pour Cordes au Divertimento et aux 6 célèbres Danses populaires Roumaines de Bartok.  On a également bien fait de rééditer son Concerto pour violon, interprété par l'illustre Jasha Heifetz (accompagné précisément de celui de Korngold). 

Sandor Veress (1907-1992) fait figure de trait d'union entre Bartok et Kodaly - dont il fut l'élève, pour le piano et la composition respectivement -  et Ligeti dont il fut le professeur. Hungaroton lui a consacré un beau CD proposant sa 1ère Symphonie mais sa musique de chambre vaut également le détour.

Beaucoup moins connus sont : Leo Weiner (1885-1960) à ne pas confondre avec Laszlo Weiner (1916-1944), Laszlo Lajtha (1892-1963)  (Quatuors à cordes, Trio, (d)étonnante Symphonie n°2), Ferenc Szabó (1902-1969), Jenő Takács (1902 - 2005), Ferenc Farkas (1905-2000) et Rezsö Sugar (1919- ).

Plus récemment, la Hongrie a encore révélé au monde contemporain un musicien particulièrement remarquable, Gyorgy Ligeti (1923-2006). Imprévisible, ce musicien a réussi à désorienter bien des critiques musicaux pétris de certitudes atonales.    S'il ne veut pas subir le même sort, l'auditeur néophyte fera bien de soigner l'angle d'attaque de son œuvre : commencer par écouter l'opéra "Le grand Macabre" n'aurait aucun sens, l'échec de la manœuvre étant certain.  Comme tant d'opéras modernes ou contemporains, l'œuvre de Ligeti ne peut se passer du secours de la scène.  Par contre, les 2 Quatuors à cordes valent leur pesant d'or et il serait inconcevable que vous ignoriez les interprétations des ensembles Mélos et Artémis.  L'œuvre pour clavier vaut également un sérieux détour, de même que son Concerto pour violon, un must absolu .  Pour plus de détails, le lecteur est renvoyé à la chronique spécialement dédicacée à ce remarquable musicien.

D'autres compositeurs, bien moins connus, ont vécu, avec des bonheurs divers, dans l'ombre de Ligeti :

György Kurtag (1926 - ) : si vous manquez de temps, sachez qu'un double CD, entièrement consacré à son œuvre, est paru qui mérite le détour.  Piochez également dans l'œuvre de Kamilló Lendvay (1928- ), Sándor Szokolay (1931- ), Sandor Balassa (1935- ), Zsigmond Szathmáry (1939- ), Attila Bozay (1939-1999), István Nagy (1940- ), Laszlo Dubrovay (1943- ) et Janos Vajda (1949- ).

Peter Eötvös (1944- ) est surtout connu comme chef, se mettant en priorité au service de la musique d'aujourd'hui.  Son opéra Les 3 Soeurs, créé à Lyon, a connu davantage qu'un succès d'estime. Ses trois concertos pour violon sont remarquables.  Ecoutez encore Replica ou Atlantis, une œuvre plus difficile qui se souvient du fait qu'Eötvös fut, un temps, élève de Stockhausen et Boulez.

Académie de Musique Franz Liszt
Académie de Musique
Franz Liszt
Statue Franz Liszt (Alajos Strobl)
Statue Franz Liszt
(Alajos Strobl)

L'Académie de Musique Franz Liszt, située à Budapest, est un des conservatoires les plus prestigieux au monde.  Il a formé bon nombre d'interprètes qui se sont taillés une réputation internationale. Les chefs d'orchestre, en particulier, furent nombreux à occuper le devant de toutes les scènes : Ferenc Fricsay, Antal Dorati, Istvan Kertesz, György Lehel, Janos Ferencsik, Eugène Ormandy (de son vrai nom, Jenö Blau), Georg Szell, Friz Reiner et Georg Solti (de son vrai nom, György Steiner).

Les pianistes furent à peine moins nombreux, tels les trois György (Cziffra, Sebök, Sandor), Zoltan Kocsis, Andor Foldes, Geza Anda, Annie Fischer, Andras Schiff, … .

Plusieurs violonistes ont suivi les traces du légendaire Joseph Joachim : Joseph Szigeti, André Gertler, Tibor Serly, Tibor Varga, Sandor Vegh.  C'est d'ailleurs la profusion de violonistes de talent qui a permis la constitution de quatuors à cordes dont certains sont entrés dans la légende : Quatuor Hongrois, Quatuor de Budapest, Quatuor Vegh, Quatuor Takacs, Quatuor Mikrokosmos, Quatuor Parkanyi, … .  Tous ont - évidemment - enregistré leur version des Quatuors de Bartok.

Les basses Laszlo Polgar et Zoltan Kelemen et les sopranos Eva Marton et Sylvia Sass ont également connu les honneurs des scènes d'opéra.

Hungaroton est le label discographique national.  Déjà actif sous l'ère communiste, il semble en avoir gardé une absence d'entrain à se faire connaître à l'Ouest.  S'il a publié une intégrale Bartok - c'était la moindre des choses - on peut regretter qu'il ne se dépense pas davantage pour la diffusion du répertoire hongrois contemporain.  Quant au label BMC, il est encore plus confidentiel.