Ce ne sont pas les pianistes passionnants qui manquent, aussi nombreux de nos jours que par le passé. J'aime la profondeur avec laquelle Grigory Sokolov (1950- ) anime une sonate de jeunesse de Beethoven, la fantaisie que Fazil Say (1970- ) déploie dans des sonates de Haydn ou la perfection technique étalée par l'extraverti - donc controversé - Lang-Lang (1982- ). Vous modifierez et compléterez cette liste subjective en fonction de vos affinités personnelles.
En revanche vous ne changerez rien au fait que le pianiste québécois, Marc-André Hamelin (1961- ), apparaisse, entre tous, comme le plus utile à son art. J'ai déjà qualifié ainsi le violoniste Gidon Kremer et quasiment pour les mêmes raisons : l'un et l'autre possèdent un répertoire colossal qui présuppose des capacités de déchiffrement hors du commun. Qui plus est, ils l'orientent résolument vers des partitions peu jouées mais pleines d'intérêt ou vers des créations contemporaines.
Hamelin joue du piano depuis l'âge de cinq ans. La notoriété toute relative dont il jouit actuellement ne doit pas grand-chose aux lauriers qu'il y a recueillis dans les concours internationaux, d'ailleurs peu prestigieux, auxquels il a participé. C'est son toucher exceptionnel, allié à un goût très sûr pour les oeuvres qu'il étudie, qui en ont fait, non une star, mais un artiste au sens le plus noble du terme.
Entendu qu'il ne donne, en moyenne, que 60 concerts par an, vous ferez probablement sa connaissance grâce au CD. L'essentiel de ses enregistrements ont paru chez Hyperion et vous en trouverez une liste, tenue à jour, sur le site de l'artiste. Saisissons l'occasion de passer en revue quelques perles rares, pour clavier, qui ne dépareront pas votre CD-thèque (le début de chaque plage est écoutable) :
Rayon contemporain, ne passez pas à côté des oeuvres de trois septuagénaires, toujours en vie :
Marc-André Hamelin a également enregistré plusieurs concertos plus ou moins méconnus : Joseph Marx (1882-1964), Rodion Shchedrin (1932- ), Charles-Valentin Alkan (1813-1888) et surtout Ferruccio Busoni (1866-1924), que vous trouverez dans la collection Grands Concertos romantiques, éditée par Hyperion. Le Concerto de Busoni doit impérativement se trouver en bonne place sur vos étagères.
Marc-André Hamelin a composé et enregistré (toujours chez Hyperion) un cycle de 12 Etudes dans tous les tons mineurs, d'après quelques grands maîtres du passé (Chopin, Scarlatti, Alkan, Tchaïkovsky, etc). Voici la n°8, d'après Schubert.
On le voit, l'activité de cet artiste est phénoménale et c'est sans compter le répertoire classique qu'il joue de plus en plus, ayant provisoirement fait le tour des sentiers non battus. C'est ainsi qu'il se lance dans une intégrale des Sonates de Haydn qui s'annonce comme l'une des meilleures. Quant à ses Etudes Paganini de Franz Liszt, elles sont tout simplement éblouissantes.